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ENQUÊTE

Les poètes magnifiques ne dispenseront pas la brute Vérité, mais exprimeront son origine ou son but ; ils en diront le meilleur et le progrès, ses illusions perdues, ses deuils, ses chutes, son espérance. Durant l’heure présente, fleur de l’horloge éternelle, ils rédigeront sur les tablettes ardentes de l’exil, les Mémoires de la Vie antérieure de la vérité, ou bien hypothéqueront les joies de sa Vie future. Le Magnificisme ne sera pas outrancier dans l’extrême à l’instar du Romantisme qui ne donna des ailes qu’à la folle du logis, ni à l’instar du Naturalisme qui ne donna des pattes qu’à son objectif. Ce qui occupera les hiératiques artistes de la Magnificence : l’essentiel motif de l’Humanité tramé dans l’ambiante et fondamentale orchestration de la Nature. Poètes des synthèses humaines, ils promettent l’œuvre vibrante, sortie des rythmiques entrailles de la vie, dans sa toute perfection, à la manière de l’Anadyomène éclosant de l’onde.

Le style devient la sainte-écriture, la bonne nouvelle.

Certes il est grand temps de dénoncer la bourriche du terre-à-terre, l’album du vis-à-vis, le panorama du comme-c’est-ça ! grand temps de brûler sur un fanatique quemadero, ces paperasses de greffiers, cette nosologie de potards, ces conciergeaneries de calicots en gésine ! grand temps de chasser les superficiels vendeurs du Temple et de cloîtrer à la Salpétrière ces