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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

racines, au Principe enfin, puisque ces fruits émanent de la raison séminale.

Le sublime Idéalisme de Platon est cruel pour notre Monde qu’il appelle monde d’apparence et d’ombres. Je soupçonne Platon d’avoir commis une politesse envers la Divinité et cru Celle-ci plus avare ou l’homme moins riche. Les ombres de Platon me semblent des lanternes vénitiennes dont il faut savoir soulever le papier pour entrevoir la flamme intérieure. Les sens s’arrêtent au papier lumineux. Stimulons notre esprit, sans lui nous n’aborderons jamais la petite flamme cachée, rayon de l’inspiratrice Flamme.

Je ne préconise point l’indigeste recensement des Choses selon le génial Croquemitaine de Médan, lequel exige que tout écrivain ait ses trente-deux yeux comme une queue de paon. Du moins, sollicité-je qu’on en désarcane l’essence causale, qu’on en cristallise l’orient, la caresse et le divorce de leurs correspondances, autrement dit les modes qui sont en quelque sorte la vive chevelure de la substance. Méthode qui se peut nommer la maïeutique des Choses. Le poète est le Sage-homme de la Beauté.

Sans traiter les Choses d’apparences, j’admets toutefois que la perle de l’idée couve et palpite sous les parasites sables amoncelés par le temps et ses ulcères. Oui, toutes les petites âmes participant à la grande âme de la Beauté, toutes ces mignonnes unités concourant à l’une complexité, ont du sable sur