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ENQUÊTE

taches, ni Huysmans forclore, en un bureau, les meilleures heures de sa vie !

Pour en revenir à M. Moréas, qui fit, je le répète, des vers fort agréables et qui a de la patience et de ringéniosité, je ne vois pas bien en quoi il est plus « symboliste » que des romantiques tels que le divin Gérard de Nerval, que le fantasque Tristan Corbière, que tels de ses contemporains, par exemple Germain Nouveau, ou de plus jeunes, par exemple Louise Denise, dont les vers sont si suggestifs d’au-delà. Mais je n’ai pas à parler spécialement des poètes, ni de ceux, très hautains, qui se groupent autour des Entretiens où Bernard Lazare fait de la critique très excellente quoique un peu dure, ni de ceux qui maintiennent la Revue Indépendante, ni de ceux qui se réunissent au Mercure de France et qui suivent, en des voies très diverses, leur personnelle originalité. Les prosateurs me sont plus faciles à juger ; malheureusement, comme littérature nouvelle, ils n’ont donné que peu de chose. En dehors du théoricien Charles Morice qui, en ce moment, joue une grosse partie au théâtre, on voit bien que Vallette et Renard ont du talent. Mais si Saint-Pol Roux est symboliste, le sont-ils aussi ? Non, puisqu’ils diffèrent tous les trois. Il faudrait se renseigner près d’Albert Aurier : c’est un subtil analyste ; quand il aura fait son œuvre, il nous expliquera, très volontiers, comment il s’y est pris.