dans toute l’œuvre de Mæterlinck, à la saine grandeur des pensées et à l’énergie musclée de la forme.
Les braves flamands continuaient à fumer, un peu effarés par les éclats de cette conversation qu’éventait de temps en temps la crinière remuée de Duc-Quercy. Nous sortîmes.
— Eh bien ! dis-je en riant à Mæterlinck, ça n’est pas plus difficile que cela !
— Quoi donc ? fit-il étonné.
— Mais l’interview ! dis-je. Je rapporte d’excellente pâture pour mon enquête !
Duc-Quercy, rompu à ce sport, souriait avec malice.
Après dîner, attablés à la terrasse du plus grand café de la ville, — où nous étions seuls, — je tâchai d’amener la conversation sur le symbolisme. La nuit était venue, une grande place d’ombre s’étendait devant nous ; pas une âme ne passait. Soirée tiède allumée d’étoiles.
— Oui, disait Mæterlinck, je crois qu’il y a deux sortes de symboles : l’un qu’on pourrait appeler le symbole a priori ; le symbole, de propos délibéré ; il part d’abstraction et tâche de revêtir d’humanité ces abstractions. Le prototype de cette symbolique, qui touche de bien près à l’allégorie, se trouverait dans le second Faust et dans certains contes de Gœthe, son fameux Mährchen aller Mährchen, par exemple. L’autre espèce de symbole serait plutôt inconscient, aurait lieu à l’insu du poète, souvent