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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

La pluie avait cessé, et la ville, toute mouillée encore, resplendissait sous le soleil ; toujours le même silence, la même solitude des rues ; mais, grâce au soleil, la ville avait pris une calme gaieté de convalescence. Nous visitons, en causant un peu, le palais de justice, l’hôtel de ville, la cathédrale, aux grilles de cuivre ; nous nous arrêtons devant le fameux tryptique des frères Van Eyck ; nous croisons l’évêque, entouré de son chapitre, qui vient de dire les vêpres ; dans les églises flamandes il y a des offices du matin au soir.

Dehors, comme nous étions le nez en l’air, à admirer les sculptures extraordinaires d’un vieux monument, j’aperçois, portés par un pas allongé et rapide, l’épaisse crinière noire, la longue barbe et la tête de Christ sarrazin de Duc-Quercy. L’infatigable organisateur socialiste, l’internationaliste convaincu, qui était à Berlin il y a six mois, en même temps que moi ; le voilà en Belgique à présent, retour de Hollande !

— Cette rencontre !

Je présente, et nous voici, continuant à trois notre promenade.

Il faudrait des pages pour raconter nos pérégrinations de cette après-midi, à travers le silence des rues, des ruelles aux façades espagnoles, des interminables quais et des ponts innombrables, des béguinages et des ruines de la vieilb ville flamande, et je n’en finirais pas si je notais ici les impressions