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ENQUÊTE

Quant à une méthode, ces poètes n’en ont point — et je soutiens qu’on n’ira plus sans méthode ! — Ah ! si, M. Moréas, en son Pèlerin passionné (des vers de mirliton écrits par un grammairien), a exposé quelque chose, bien drôle : M. Moréas dit : « Je poursuis, dans les idées et les sentiments, comme dans la prosodie et le style, la communion du moyen âge français et de la renaissance et le principe de l’âme moderne ! »

Quand on écrit ça, on est un ignorant pas même digne d’être le premier à l’école primaire, ou un mystificateur, et ceux qui prônent ça, également.

« Fondre le moyen âge, la renaissance et l’âme moderne », voilà ce qu’on voudrait nous donner en poésie. Eh bien ! non ! il vaut mieux Delille ou les vers sur le Bilboquet. Ce n’est pas idiot, au moins.

Donc, pas de méthode, nos décadents-symbolistes. Et leurs œuvres ?

Verlaine (cinquante ans) a quelques petits volumes : les premiers ont quelques gentilles choses musicales. Mais tous ces petits poèmes d’une page ou deux, au hasard, autant en emporte le vent. Ce n’est pas une œuvre.

Mallarmé (quarante-neuf ou cinquante ans) : l’Après-midi d’un Faune, cent vingt vers dont la plupart très beaux, écrits il y a vingt ans. Quelques vers un peu baudelairiens : Au Parnasse ; et c’est tout ! Ce n’est pas une œuvre.