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ENQUÊTE

une doctrine, l’entité mère d’un art. Et ils ne sont même pas d’accord sur ces détails. Si nous en nommons seulement deux ou trois (il y en a plusieurs de très intéressants, parmi ces isolés), M. Pierre Quillard, par exemple, la Gloire du Verbe, un vers magnifié, éclatant, mais doux, des vierges douces ou perverses aux formes grises fondues dans l’or et les enluminures de missel, mettrons-nous M. Quillard près de M. Tailhade dont la langue magnifique éclate aussi, mais si différente, et qui aristophanise et assomme à coups de pierres précieuses ? Nous trouverons quelques lointaines parentés, sans aucunes similitudes essentielles, entre M. Henri de Régnier et M. Charles Morice, un des plus artificiels, ce dernier. Au moyen âge il eût été un mince prêtre syllogisant sur le dogme ; après le grand siècle, nos humanités en ont fait un classique rhéteur qui, postérieurement à Lamartine et Vigny, est resté classique, sur lequel s’épanouissent des fleurs factices de mysticisme, et qui chante des mélopées vagues mais délicieuses. Il y en a beaucoup d’autres qu’on lit dans la Plume et le Mercure de France ou qu’on a lus dans le si curieux périodique de Jean Jullien, Art et critique. Je ne parle pas de Moréas et de ses jolies cantilènes devenues poèmes épiques : nous en avons ri, tous, toujours ; c’est ce qui l’a monté à la gloire !

— Vous-même, êtes-vous symboliste ?

— Sans doute ! Comment donc ? mais pas avec ces