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ENQUÊTE

Pour tuer le temps, de jeunes littérateurs ont accoutumé d’aller dépenser une heure ou deux, les mardis soirs, à écouter les anecdotes charmantes que raconte en se jouant M. Mallarmé. Je les sais toutes par cœur et M. Mirbeau les apprend.

Mon cher ami, le bon poète Laurent Tailhade vous disait ici, tout récemment, ce qu’il pense du Symbolisme. Je n’insiste pas.

Et Jean Moréas ? Symboliste ? Pourquoi, doux Jésus ? Est-ce parce que, après Kahn, après Laforgue, et surtout après Rimbaud, il s’adonne aux vers d’un nombre indéterminé de syllabes ? Ou qu’il ressuscite, non sans grâce, des tours et des vocables oubliés ? Symboliste ? L’est-il par ses idées ? Mais écoutez-le rire ! Ses idées ! Elles ne pèsent pas lourd les idées de Jean Moréas. Quand il est en peine d’un sujet, lisait où le trouver. Et vraiment, à respirer les jolies gerbes qu’il en rapporte, je ne vois aucun mal — pas plus de mal que de symbolisme — à ce que Jean Moréas s’en aille glaner parmi les fabliaux.

Et Gustave Kahn, et Charles Morice, et les autres, sont-ils symbolistes ? Je ne crois pas ravaler ces messieurs, ni nous tous les jeunes qui cherchons, en affirmant que le titre que nous ambitionnons c’est avant tout celui de bon poète.

Et qu’on nous donne la paix avec le symbolisme I

Et maintenant, notre excursion à travers la littérature est achevée. En résumé : une période matéria-