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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

ments. J’ajoute l’épithète, parce que je mets du symbole dans mes vers. Mais vraiment l’enrégimentement sous des théories, un drapeau, des programmes, n’est pas pour me séduire.

J’adore l’indépendance, — en art surtout. J’admets, comme un fait indiscutable, une grande poussée des esprits artistes vers un art purement symboliste. Oui, je le sais, nous n’inventons pas le symbole, mais jusqu’ici le symbole ne surgissait qu’instinctivement dans les œuvres d’art, en dehors de tout parti pris, parce qu’on sentait qu’en effet il ne peut pas y avoir d’art véritable sans symbole.

Le mouvement actuel est différent : on fait du symbole la condition essentielle de l’art. On veut en bannir délibérément, en toute conscience, ce qu’on appelle, — je crois, — les contingences, c’est-à-dire les accidents de milieu, d’époque, les faits particuliers.

Et ce n’est pas seulement chez nous que ce mouvement a lieu ; d’Amérique, de Belgique, d’Angleterre, de Suisse, les jeunes écrivains tourmentés du même besoin viennent à Paris chercher la bonne parole parce qu’ils sentent que c’est là que la crise est la plus aiguë et qu’elle doit aboutir.

D’ailleurs, pourquoi insister ? Mon maître, M. Stéphane Mallarmé, vous a si parfaitement tout dit sur ce point !

— Sur la technique du vers, quel est votre avis ?