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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

un allégoriste roman, comme les poètes du moyen âge. Notre ami est un merveilleux joueur de lyre, il a une oreille impeccable, un sens très vif de la couleur à la manière franche, il est incapable de se tromper dans le choix des mots. Je ne sais pas si son domaine est bien grand, mais il joue d’un instrument bien accordé. Il n’a pas d’idées, il ne lui manque que cela.

Henri de Régnier, lui, plus atténué comme harmonie et coloration, a des ressources cérébrales plus nombreuses.

Je dis :

— De qui vous réclamez-vous ?

— Nos maîtres à tous trois, ce sont : Villiers de l’Isle-Adam, Mallarmé et Verlaine. Car nier l’influence de Verlaine, cela me surpasse. Il est même à souhaiter que l’influence des deux survivants continue, car ils font, en somme, l’atmosphère dans laquelle nous pouvons vivre.

Sur la technique du vers :

— Parmi les libertés que prend Moréas, et qu’il n’a pas inventées, il en est de légitimes ; mais je reste fidèle au vers officiel, et si je me sers quelquefois de vers de quatorze syllabes, ce n’est que dans des circonstances très rares, en vue d’effets particuliers ; je ne sais pas si Moréas a toujours fait ainsi ; les si longs vers me font l’effet de la prose rythmée.

Sur divers :

— Disons à Zola : vous avez assez travaillé ! à