Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
ENQUÊTE

— D’abord, que je vous dise ceci : c’est moi le premier qui ai protesté, dès 1885, contre l’épithète de décadents, dont on nous affublait, et c’est moi qui ai réclamé en même temps celle de symboliste. Depuis, des gens qui aiment à parler m’apprirent que la poésie fut de tout temps symboliste. Ils sont bien plaisants !

— Mais alors…

— Voici. On peut noter avec quelque raison que les poètes qui nous précédèrent immédiatement, les Parnassiens et la plupart des romantiques, manquèrent dans un certain sens de symbole ; ils considérèrent dans les idées, les sentiments, l’histoire et la mythique, le fait particulier, comme existant en soi poétiquement. De là l’erreur de la couleur locale en histoire, le mythe racorni par une interprétation pseudo-philologique, l’idée sans la perception des analogies, le sentiment pris dans l’anecdote. Et nous retrouvons tout cela grossi et grossoyé dans le naturalisme qui est la pourriture du romantisme…


Je me rappelai qu’un de ces jours derniers j’étais resté pantois devant un interrogateur qui me sollicitait de lui expliquer la théorie des vers de vingt et un pieds… Il avait sorti de sa poche un papier où était écrit ce vers :

 
Et mes litières s’effeuillent aux ornières, toutes mes litières
à grands pans…