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LA VIE CANADIENNE 67 LA VIERGE D’IVOIRE (Suite de la page 66) Le silence s’établit encore. Au bout d’un moment l’agonisante balbutia sans relever ses paupières : — Je voudrais ma petite Vierge d’ivoire ! C’était une suplication désespérée. Mme Roussel pencha ses lèvres sur le front de sa fille et lui murmura : — Lysiane, tu l’auras ta petite Vierge d’ivoire ! La jeune fille sourit et ouvrit les yeux. — Vrai, maman ? fit-elle avec un regard reconnaissant. — Oui, ton père va la demander dans les journaux, et on te la rapportera sûrement. — Ob ! que je serais contente ! Il me semble, maman, que je serais mieux... il me semble que je pourrais vivre encore ! Et elle continua de vivre, la pauvre enfant, malgré les craintes exprimées par le docteur Rouleau, ou mieux elle se retint accrochée à son dernier souffle d’existence. Car, le lendemain, Lysiane était encoTe vivante. L’espoir de ravoir sa petite Vierge d’ivoire la retenait peut-être dans le monde des vivants. Mieux que cela : elle paraissait avoir repris un peu de force, elle sortait plus souvent de son état comateux. De bonne heure ce jour-là M. Roussel se rendit aux bureaux des grands journaux et fit inscrire l’avis pour retrouver la statuette d’ivoire ; une belle récompense était promise à qui la rapporterait. Et durant tout ce jour Lysiane ne cessa de répéter dans un balbutiement à peine perceptible : — Je voudrais bien avoir ma Vierge d’ivoire ! Chaque fois que Mme Roussel enten-Vient de paraître ! Mes Monologues par : Paul Coutlée Prix 1 dollar Editions Edouard Garand 153a Ste-Elisabeth MONTREAL. dait cette supplication, elle promettait à sa fille sa Vierge d’ivoire, elle l’assurait que bientôt, ce soir peut-être, demain à coup sûr, on lui rendrait sa statuette. Et il faut croire que cette promesse exerçait une certaine influence heureuse sur l’organisme défait de la malade, car la vie semblait revenir peu à peu. Mme Roussel, maintenant, vivait de l’espoir, qui faisait vivre sa fille. Mais au soir survint un changement qui fut un nouveau coup terrible pour le père et la mère de la malade : Monsieur Roussel avait dit à Lysiane : — Ma chère enfant, tous les journaux ont demandé ta Vierge d’ivoire. Espère tu l’auras bientôt ! La jeune fille avait fermé les jnux et de sa poitrine s’était exhalé un long soupir ; puis elle était demeurée plus immobile que jamais, plus inerte, plus livide. On ne percevait plus rien de sa respiration. Seulement, on découvrait sur les lèvres qui s’étaient fortement pressées l’une sur l’autre comme l’ombre d’un sourire céleste. M. Roussel et sa femme poussèrent un cri : — Elle est morte ! — 0 mon Dieu !... 0 mon Dieu !... Et à genoux près de la couche funèbre la mère douloureuse s’était écrasée, incapable de pleurer, mais laissant entendre des gémissements lugubres. Mais non.... Lysiane n’était pas morte encore ! (Suite à la page 68) COLLECTION BLEU Capitaine Mayne-Reid : La Chasseresse sauvage. L. Boussenard : Capitaine Vif-Argent. Salgari : Le Chef du Lys d’eau. Fleur-des-perles. Kingston : Aventures périlleuses chez Les Peaux-Rouges. Chacun de ces volumes vous seront adressés par la malle, sur réception de 30 cents. LIBRAIRIE JULES PENY 374, rue Sainte-Catherine-Est MONTREAL