LA VIE CANADIENNE EASTMAN Fils de la ville, enfant de tristesse et de bruit, Rêveur insatiable et qui te plains sans-trêve, Je saurai, si ton pied me suit, Te conduire en un lieu plus charmant que ton rêve. C’est un village assis dans les coteaux, et tel Que l’on dirait, à voir les blanches maisonnettes Dormir sous l’azur immortel, Petits moutons épars en un bois d’épinettes. Sur le sentier bordant le lac cristallisé On rencontre, fixée aux branches les plus hautes, Une corneille à l’oeil rusé, Très-droite. Et le chemin grimpe et descend les côtes. Parfois un aboiement, une voix d’homme, un choc.... Mais, de l’aube au couchant, par-dessus le village Un coq répond à l’autre coq, Et les pins font le bruit des vagues sur la plage. Plus loin, bien au-delà des paisibles maisons, Haussant leurs fronts neigés, éternels, immuables, Les monts qui gardent l’horizon Semblent protéger l’homme et ses foyers aimables. C’est là qu’on vit, c’est là qu’on respire à plein sein, C’est là qu’il faut porter sa volonté blessée ; C’est là, fils des trottoirs malsains, Qu’on peut renouveler son âme et sa pensée. Cher village où le charme à la force est uni, Toi qui donnes la joie aux âmes orphelines, 0 bon village, sois béni, Et souris à jamais dans tes belles collines ! ROBERT CHOQUETTE Membre de Ici Poetry Society de Londres, lauréat à la Revue des Poètes, de Paris, 1925, prix d’avril 1926.