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LE TRÉSOR DE BIGOT

démasqué, j’en suis sûr. Cet après-midi J. L. s’est aperçu qu’on avait cambriolé son bungalow. C’est le détective qui a fait le coup. Si vous ne rompez pas avec la bande, vous serez arrêté, vous aussi, et vous ferez encore de la prison.

— C’est bon, c’est bon, fiston, je te remercie du tuyau ; mais je ne te crois pas.

Le père Lacerte et Tricentenaire sortaient de la pièce.

Jules Laroche se leva le plus tranquillement du monde et se dirigea vers la porte.

Dehors, il dit au chauffeur :

— Rue des Remparts et presto !


XII

QUAND ON EST ENTÊTÉ !…


Jules Laroche, après être descendu du taxi et entré chez lui, avait pris un souper que son estomac sut apprécier, car il était passé neuf heures du soir.

Il se promenait maintenant de long en large dans la salle à manger.

Tricentenaire ne tarderait sans doute pas à venir.

Il passa dans un petit salon où se trouvait le père Latulippe gardé par une bonne dont la physionomie exprimait toujours l’angoisse.

— Vous pouvez vous retirer, Rose. Je me charge de votre prisonnier.

La servante sortit.

Le détective s’approcha alors du vieillard dont il coupa les liens à l’aide d’un couteau de poche. Quand il lui eût enlevé à la fin son bâillon, le centenaire se leva avec l’agilité d’un homme beaucoup plus jeune et se jeta sur le détective. Mais celui-ci eut vite fait de maîtriser ses efforts et il le força à s’asseoir.

— Bandit ! Bandit ! cria le vieillard. Ah ! Encore une figure nouvelle.

Il regarda Jules et continua :

— D’où sors-tu ? toi, jeune assassin. On t’a mieux vêtu que les autres. Ah ! La Justice a le bras long. Vous me paierez cela.

Le père Latulippe prenait le détective pour un autre bandit. Comment lui faire comprendre qu’il se trompait ? Son caractère entêté allait compliquer les choses.

— Vous vous trompez, père Latulippe. Je ne suis pas un criminel. Mon nom est Jules Laroche, détective privé, et vous êtes actuellement dans ma maison, rue des Remparts, à Québec. Regardez cela pour vous convaincre.

Le détective lui montrait son insigne.

— C’est sans doute un insigne volé, observa le vieillard en ricanant.

— Regardez-moi bien, père Latulippe.

Ce que fit le centenaire.

Le détective sortit alors de la pièce et referma la porte sur lui à double tour, pour éviter toute velléité de fuite à son prisonnier. Puis il revint, un journal à la main :

— Voici « Le Soleil », de Québec, dit-il, Ma photographie est sur la première page de ce journal avec, comme sous titre : « Jules Laroche, détective célèbre, de Québec, qui a retrouvé hier le collier de perles de madame… » Regardez cette photographie, père Latulippe, et convainquez-vous que je suis bien Jules Laroche, détective, et non un bandit.

— Je n’ai pas mes lunettes.

Décidément le jeune homme avait une tâche ardue.

Enfin, il déclara au vieillard :

— Si je vous conduis à Madeleine Morin, allez-vous croire ce qu’elle va vous dire !

— Croire la petite Madeleine ! Je vous crois ! Et c’est à elle seule que je confierai le secret de la fosse du noyé. Mais vous ne me la laisserez pas voir. C’est encore un truc.

— Vous connaissez la route Lévis-Jackman, de Lévis à St-Henri ?

— Si je la connais !… Je l’ai parcourue des centaines de fois.

— Eh bien ! Je m’en vais vous conduire chez Madeleine en automobile. Vous verrez à ce que je ne prenne pas d’autre route que celle qui conduit chez mademoiselle Morin. Si j’en prends une autre, je vous donne le droit de crier, d’appeler au secours, de fuir. Mais si je vous conduis tout droit chez Madeleine, vous me promettez de ne pas fuir et de vous tenir bien tranquille, seul, sur le siège d’arrière de mon automobile. Est-ce entendu ?

Le père Latulippe réfléchit longuement :

— Je serai bien seul assis à l’arrière ?

— Oui.

— Et vous ne me ligoterez pas ?

— Non.

— Eh bien ! Je vous promets ce que vous me demandez.

— Me promettez-vous aussi de ne pas