Page:Huot - Le massacre de Lachine, 1923.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
LE MASSACRE DE LACHINE

droite, mais que je n’offre qu’à vous. Libérez le prisonnier et vous aurez tous ces présents avant le coucher du soleil. »

Le Serpent répondit : « Le compagnon de la Huronne dit-il la vérité quand il me promet la recette de la médecine pour les cheveux ? »

Tambour, tout joyeux à l’idée que ses offres allaient être acceptées, répondit : « J’ai dit la vérité ; ces objets seront à vous. »

— Et qu’offre la sœur du chef huron ? demanda l’Abénaquis.

— Tout ce que j’ai, répondit Isanta avec émotion. M. de Callières m’a fait une dot de mille couronnes ; elle est à vous. Vous avez vu et admiré les bracelets d’or que Julie du Châtelet portait ; ils représentent votre emblème, le serpent ; ils m’ont été donnés, mais ils sont à vous. Vous avez souvent convoité le cheval noir que monte M. de Callières. Je le lui demanderai, il ne me le refusera pas et je vous le donnerai. En outre, Julie du Châtelet vous fera, pour l’amour de moi, d’autres présents plus riches encore. Voyons, Serpent, prouvez que vous avez le cœur d’un guerrier et acceptez la rançon. »

Les yeux du Serpent brûlèrent d’un éclat satanique, et montrant un couteau qu’il tenait à la main :


La réponse fut courte : « Je serai votre femme ! »

« La sœur du Huron sait-elle ce que je viens de faire avec ce couteau ? »

La jeune fille répondit en tremblant : « Ce couteau doit sans doute servir à combattre les Iroquois. Le Serpent est un guerrier sage, il sait avoir soin de ses armes.

— Ce couteau ne doit pas servir à combattre les Iroquois, mais à taillader la peau de votre frère lorsque moi et mes braves nous l’aurons attaché sur le bûcher, demain », répondit l’Abénaquis avec une expression de satanique malice qui le rendait horrible à voir.

La Huronne demeura glacée de terreur.

« Monstre » ! s’écria Tambour en tirant son épée et faisant une passe rapide vers l’Abénaquis, lequel évita le coup en se jetant à terre pendant que ses guerriers, le tomahawk levé, s’élançaient entre le Français exaspéré et leur chef.

La Huronne arrêta le bras de son compagnon et le força de remettre l’épée au fourreau.