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un peu avec sa femme du grand événement. Il sentait un besoin profond de se réjouir avec celle qui avait eu une part si grande dans l’œuvre du relèvement.

Malheureusement, ce soir-là, Marie Latour ne semblait pas en veine de causer. Plusieurs fois déjà, depuis le départ du marché, Jérôme avait essayé de la tirer de sa sombre rêverie, sans y réussir. « Pourquoi cette tristesse ? Pourquoi ce silence obstiné ? » ne cessait de se demander Jérôme Michel.

Il ignorait, le malheureux, que sa femme était au courant, depuis le matin, grâce à l’indiscrétion d’une commère du marché, des visites que son mari faisait chez un médecin de Saint-Roch chaque fois qu’il venait en ville. Bien plus, elle en connaissait le résultat mieux que Jérôme lui-même. Prétextant, en effet, quelques emplettes à faire, elle s’était échappée, vers le milieu de la matinée, pendant que son mari restait à garder la voiture, pour courir chez le docteur Loizeau, dont Jérôme était le patient, dans le but de savoir « ce que son mari avait. »

Deux fois déjà, dans le temps des foins, — Marie Latour l’avait appris des voisins, — Jérôme avait eu une