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firme ?… Mon Dieu ! Mon Dieu !… Et le bien ?…

Et en prononçant ces dernières paroles, le vieillard levait, péniblement vers les assistants, de ses mains pâles et tremblantes, la médaille des Anciennes Familles, qu’il avait voulu qu’on lui attachât sur la poitrine pour mourir.

— Papa, ne craignez rien…

— Toi ?… Henri ?… Toi ? pauvre enfant… T’as étudié trop fort… pour laisser ta place… C’est trop dur… Non… jamais !… N’est-ce pas, Marie ?…

Un sanglot de la mère fut toute sa réponse.

Le curé, voyant que cet effort terrible usait rapidement les forces du malade, s’était mis à réciter les prières des agonisants. Henri, toujours à genoux, la tête dans les mains de son père, pleurait comme un enfant. Marie Latour ne cessait de faire répéter au mourant, qui ne parlait plus qu’à voix basse, les noms bénis qui sont la force suprême de la dernière heure : Jésus… Marie… Joseph…

Henri Michel souffrait atrocement. Une lutte terrible se faisait dans son âme. Lui aussi, il endurait une agonie… Abandonnerait-il sa carrière ?… après douze ans d’un labeur