Page:Huot - Le bien paternel, 1912.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 15 —

ces idées noires-là, va ! N’es-tu pas reconnaissante au Bon Dieu de ce que nous soyons venus à bout enfin de payer nos dettes ?

Marie Latour eut un mouvement de protestation :

— Tu sais bien que je ne manque jamais de remercier le Bon Dieu pour les bienfaits dont il nous a comblés. Mais, que veux-tu ?… Quand je songe que nous pourrions peut-être partir bientôt, et personne… personne après nous sur la terre… je ne peux pas m’en empêcher… le cœur me serre et les larmes m’en viennent aux yeux… Et puis, tiens, je te le demande, à quoi ça nous servira-t-il, en bonne vérité, d’avoir un garçon avocat, qui fera son p’tit monsieur en ville et qui ne pensera peut-être pas souvent à nous autres, pendant que notre bien sur lequel nous avons tant peiné, — et nos parents aussi, — passera aux mains des étrangers, qui mettront tout à l’envers en y arrivant ?

— Voyons voyons, ma pauvre Marie ; faut raisonner autrement que ça. Ça ne te fait donc pas plaisir de voir de temps en temps le nom de not’garçon sur la gazette ?

— Laisse-moi donc tranquille avec ta gazette ! Tu sais bien que