Page:Huot - Le bien paternel, 1912.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

des habitants ! Des habitants !… Sais-tu bien ce que ça veut dire, mon enfant, ce mot-là ? Ça veut dire des braves gens qui sont maîtres et seigneurs sur la terre de leurs parents, sur la terre qui a été défrichée des fois par leurs pères ; qui mettent encore le pain qu’ils cuisent eux autres mêmes dans la huche de la grand-grand’mère ; qui ont toujours le même banc à l’église de père en fils, la même croix de tempérance pendue dans la chambre, et qui savent bien que le Bon Dieu, qui donne à manger devant eux tous les jours aux petits oiseaux, n’abandonne jamais ceux qui ont confiance en Lui. Ah ! que c’est donc beau, mon cher Henri, d’être habitant !

Marie Latour avait jeté ce dernier cri à son fils avec un tel accent de joie et de fierté, que celui-ci en fut bouleversé. Tout son instinct d’enfant de la terre s’était réveillé devant cette explosion de l’enthousiasme maternel. Il était empoigné. D’un bond, il allait se jeter, comme un petit enfant, dans les bras de sa mère pour lui dire qu’il voulait rester toujours sur la terre avec elle, lui aussi…

— Bonjour, madame Michel ! Bonjour, monsieur l’avocat ! On est tou-