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DÉLIRE DE L’INSOMNIE


Le temps est long ! j’entends sonner minuit,
Et le sommeil, qui toujours m’abandonne.
Moi, je suis seule en mon triste réduit ;
Seule je pleure. Ah ! que Dieu me pardonne !
Et mes larmes, et pour toi, mon amour !
Mais mon cœur bat… Peut-être ton bras presse
En ce moment celle qui tout le jour
Ne te donna qu’un semblant de tendresse.

Qu’ai-je donc fait pour devoir tant souffrir ?
Tu m’as aimée, puis à mon tour je t’aime.
Est-ce un forfait, dis ? faut-il en rougir ?
Rougir de loi, c’est rougir de moi-même,
Sœur de mon âme, ah ! viens sécher mes pleurs.
J’appelle en vain, à mes vœux tout s’oppose !
Pour souvenir j’ai rapporté tes fleurs.
En te quittant mon âme était morose.

Le cœur brisé, moi seule je partais.
Elle, restait pour partager ta couche.
Quand, fuyant vite, en secret j’emportais
Toute ma haine avec un air farouche !…