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SAGESSE ET FOLIE

 

« Non vraiment, vos discours, toute votre éloquence
» Ne saurait me convaincre et calmer ma démence.
» Et suivant votre exemple, aujourd’hui moi je veux
» Que ma franchise aussi vous fasse ces aveux.
» D’abord ne citant pas votre bonté, madame ;
» Oui, clairement je vois le fil de votre trame.
» Quand vous cachez si bien vos serres de vautour,
» Vous blessez hardiment qui n’a pas votre amour.

» Pour moi, depuis longtemps vivant en solitaire,
» Peu m’importe vraiment ce qu’en dit le vulgaire !
» D’ailleurs qui saurait rendre à mon cœur désolé
» Ces beaux jours d’innocence à jamais envolés !
» Nul ne saurait changer en un ruisseau limpide
» L’Océan furieux et la vague rapide,
» Qui, semblable à sa sœur l’Imagination,
» S’agite et va chercher une autre région !

» Ignorant que l’étude est un puissant remède
» Pour calmer la douleur qui toujours se succède,
» Qu’elle a sublime don de conduire à l’oubli
« En faisant riche, heureux ; qu’elle seule anoblit,
» Dissipe les erreurs, sachant élever l’âme ;
» Qu’enfin elle rend sourd à l’aigre voix du blâme,
» Riant des pauvres fous, vous prétendez savoir
» Donner trop de bonheur à qui n’en peut avoir ! »