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Essai

pouvoir acquérir & s’attirer à lui seul, les richesses du monde entier ; mais tout, dans les affaires humaines, dépend heureusement d’une concurrence de causes propres à arrêter l’accroissement du commerce & des richesses d’une nation, & à les partager successivement entre tous les peuples.

Il est très-difficile à une nation supplantée par une autre dans le commerce, de regagner le terrein qu’elle a perdu ; l’industrie de ses rivaux, leur habileté dans le commerce, & les gros fonds de leurs négocians, les mettant en état de se contenter de plus petits profits, leur donnent une supériorité presque impossible à vaincre ; mais tous ces avantages sont heureusement compensés par le bas prix de la main-d’œuvre dont jouit tout état qui n’a pas un commerce étendu, & qui n’abonde pas en espece d’or & d’argent. Les manufactures ne restent pas toujours dans les mêmes lieux ; elles abandonnent les provinces, & les pays qu’elles ont enrichis, pour se réfugier dans des terres nouvelles, où elles sont attirées par le bon marché des denrées & de la main-d’œuvre ;