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Essai

générosité le dédommagent de cette perte. Contentons-nous d’assurer que deux vices opposés peuvent être moins nuisibles dans un état, lorsqu’ils y sont réunis, que ne le seroit l’un des deux s’il y étoit seul ; mais ne soutenons jamais qu’un vice peut être avantageux par lui-même. Un auteur qui avance, dans un endroit de son ouvrage, que les politiques ont inventé les distinctions morales, pour l’intérêt public, & qui soutient dans un autre, que le vice, est avantageux au public[1], se contredit évidemment ; en effet, dans quelque systême de morale que ce puisse être, il y a au moins une contradiction dans les termes, lorsqu’on soutient qu’un vice peut en général être avantageux à la société. Ce raisonnement m’a paru nécessaire pour éclaircir une question philosophique sur laquelle on a beaucoup disputé en Angleterre. Je l’appelle question philosophique, & non pas politique ; car quelle que puisse être la con-

  1. Fable des abeilles.