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sur le Luxe.

soit en leur prescrivant des loix, dont il ne leur seroit pas possible de s’écarter. Comme la terre peut toujours nourrir plus d’habitans qu’elle n’en contient, ceux que nous imaginons dans cette république utopienne, ne seroient assujettis qu’aux infirmités du corps, qui ne sont pas la moitié des miseres humaines. Pour les autres maux, dont les hommes sont affligés, ils ont leur source dans nos vices, ou dans ceux des autres, & même plusieurs de nos maladies n’ont pas d’autre origine. Les hommes seroient heureux, & à l’abri de tous les maux, si les vices pouvoient être bannis de dessus la terre & en disparoître pour toujours. Je dis tous les vices, car on ne pourroit en garder quelques uns sans rendre la condition humaine plus malheureuse qu’elle ne l’étoit auparavant ; en bannissant le luxe vicieux, & en laissant parmi les hommes la paresse & une indifférence générale pour le bien de la société, l’industrie diminuera dans l’état, & on ne doit pas s’attendre que la charité & la