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Essai

en faisoient le reproche à toutes les nations barbares dont ils étoient environnés ; ils ne pouvoient ignorer cependant que leurs ancêtres, dont ils se plaisoient à vanter les vertus, étoient barbares avant d’avoir été civilisés ; qu’ils avoient, par conséquent, été assujettis aux mêmes vices, & aussi inférieurs à leurs descendans par les sentimens d’honneur & d’humanité, que par leurs connoissances dans les sciences & dans les arts. On fera tels éloges qu’on voudra des anciens Francs & des anciens Saxons, je croirai toujours ma fortune & ma vie moins en sûreté entre les mains d’un Maure & d’un Tartare, qu’entre celles d’un Anglois ou d’un François, élevés l’un & l’autre dans leur patrie, c’est-à-dire, chez les peuples les plus policés du monde connu.

Il me reste maintenant à expliquer la seconde proposition que j’ai avancée au commencement de cet essai ; c’est-à-dire, que le luxe cesse d’être avantageux au public, lorsqu’il n’est plus modéré, & que dans ce cas, quoiqu’il ne soit pas la qualité la plus nuisible à la société, il y apporte cependant un mal réel.