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sur le Luxe.

siques, que nous étudions dans notre enfance, nous parlent de cet événement, & attribuent la ruine de l’état aux arts & aux richesses apportées de l’Orient. Salluste étoit tellement persuadé de cette opinion, que le goût de la peinture paroissoit à ses yeux un aussi grand vice que la débauche & l’ivrognerie. Cette façon de penser étoit si générale dans les derniers tems de la république, que cet auteur ne tarit pas sur les louanges qu’il donne à l’ancienne Rome, & à l’austere vertu de ses premiers citoyens, quoiqu’il fût lui-même un exemple éclatant du luxe & de la corruption moderne. L’écrivain le plus élégant parle avec mépris de l’éloquence des Grecs, & se permet sur cette matiere des digressions & des déclamations déplacées, qui sont en même tems des modeles de goût & de correction. Il seroit aisé de prouver que ces auteurs se sont trompés sur les causes des désordres arrivés dans la république romaine, & qu’ils ont attribué au luxe & aux arts, ce qui ne procédoit que de la mauvaise constitution du gouvernement & de la trop grande étendue des