Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
sur le Luxe.

embrasse tous les objets & perfectionne toute espece d’arts & de sciences. Les hommes sortent alors de cette ignorance profonde où la nature les a fait naître, & sont des êtres vraiment raisonnables, c’est-à-dire, qu’ils ont la capacité d’agir, de penser, & de jouir des plaisirs des sens, en même tems que de ceux de l’esprit.

Les hommes deviennent plus sociables entre eux, à mesure que les arts se perfectionnent ; ils ne peuvent plus supporter la solitude & la vie retirée, réservée aux nations barbares & ignorantes, lorsque leur esprit est enrichi de connoissances, & qu’ils sont en état de se les communiquer réciproquement ; ils s’empressent alors d’aller habiter les villes, soit pour acquérir de nouvelles connoissances, soit pour faire part aux autres de celles qu’ils ont déjà acquises. Ils se plaisent à se faire remarquer par leur esprit & leurs connoissances, à briller dans la conversation par leurs talens, ou à être distingués dans la société par leurs habillemens & leurs équipages. Les sages sont attirés dans les villes par la curiosité ; la vanité