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Essai

1°. que les siecles de luxe & de délicatesse sont les plus heureux & les plus vertueux ; 2°. que le luxe celle d’être utile à la société lorsqu’il n’est pas modéré, & que lorsqu’il est porté trop loin, il devient pernicieux à la société politique, quoique, peut-être, il y ait des vices qui lui soient encore plus nuisibles.

Pour prouver la premiere proposition, il suffit de considérer les effets du luxe, tant dans la vie privée que dans la vie publique. On convient communément que le bonheur de la vie consiste dans l’action, le plaisir & le repos ; leur union est nécessaire en différentes proportions, suivant la diversité des caracteres ; & tout homme qui en est entiérement privé ne peut être estimé heureux. Le repos ne paroit pas par lui-même pouvoir contribuer beaucoup à notre satisfaction. Mais semblable au sommeil, il est nécessaire à la foiblesse humaine, incapable de soutenir une continuité non interrompue de plaisirs & d’affaires. Cette ardeur qui tire l’homme de lui-même & qui constitue principalement la