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Essai

Ces différentes observations prouvent que la puissance du souverain & le bonheur de l’état dépendent, à beaucoup d’égards, & sont inséparables du commerce & des manufactures. On ne peut sans tyrannie contraindre le laboureur à tirer de la terre plus que n’en exige sa subsistance & celle de sa famille, & cette tyrannie est impraticable en bien des cas. Il s’y soumettra cependant de lui-même, & il n’y aura plus de tyrannie, lorsque les manufactures & le commerce demanderont au laboureur ce superflu, dont le souverain pourra facilement prendre une partie & l’employer, même gratuitement, & dans le cas de nécessité, au service public. Le cultivateur, accoutumé au travail, & dont la terre produit au-delà de ce qui est nécessaire à sa subsistance, peut supporter plus facilement la charge qu’exige de lui le souverain, que s’il avoit été obligé d’augmenter subitement son travail, sans espoir d’en être payé. Il en est de même de tous les autres membres de l’état. Plus le fonds de toute espece de travail est grand, plus il est facile d’en tirer une partie, sans