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Essai

seroient capables par elles-mêmes, de faire disparoître nos especes, si ce malheur pouvoit arriver ; mais il en résulte un mal général & commun à toutes les nations ; c’est-à-dire, que tous les peuples voisins & limitrophes les uns des autres ne peuvent jouir réciproquement & avec liberté de l’échange mutuel de leurs denrées & de leurs marchandises, que le souverain législateur semble avoir prescrit, en donnant à tous les peuples un climat, un sol, & un génie qui les distingue les uns des autres, par des différences particulieres à chacun d’eux.

Les politiques modernes, en faisant usage des papiers de crédit, ont adopté le seul moyen de bannir les especes d’un état, ou du moins d’en diminuer la quantité. On ne pourroit en augmenter la masse qu’en en mettant une partie en réserve dans le trésor public ; mais ils rejettent ce moyen, donnent la préférence à des droits de douane & à des taxes qui ne servent qu’à borner l’industrie, & à priver nos voisins, ainsi que nous, des bienfaits que l’art & la nature offrent à tous les hommes.