Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
259
sur la balance du Commerce.

à son niveau. La possibilité d’amasser un grand trésor, sans causer de préjudice à l’état, est tellement contraire à notre manière ordinaire de penser, que quoique tous nos historiens soient d’accord sur les sommes immenses amassées par Henri VII, que tous les fassent monter à 1700000 liv. sterlings, & que cet événement soit, pour ainsi dire, encore récent, nous rejettons leur témoignage plutôt que de convenir d’un fait capable de détruire nos préjugés. Il est vraisemblable que cette somme composoit les trois quarts de toutes les especes monnoyées existantes pour lors, en Angleterre ; mais est-il impossible qu’un prince habile, avide de richesses, économe, & dont l’autorité étoit presque absolue, ait amassé une somme aussi considérable, dans l’espace de vingt ans ? Il n’y a pas d’apparence que, malgré le trésor de Henri VII, le peuple se soit apperçu d’une diminution dans la quantité des especes en circulation, & qu’il en ait souffert un préjudice réel, parce que la diminution de la valeur de toutes les denrées & de toutes les marchandises a dû faire entrer, en peu