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sur la balance du Commerce.

La France est pour nous un objet perpétuel de jalousie & de haine. Le premier de ces sentimens n’est fondé que sur de trop bonnes raisons, mais l’un & l’autre ont donné lieu aux barrières sans nombre que les deux nations ont opposées mutuellement à leur commerce réciproque, & dont on nous accuse d’avoir donné l’exemple. Quels avantages en avons-nous retiré ? Nous ne vendons plus aux François nos étoffes de laine, & nous allons chercher en Espagne & en Portugal, un vin plus cher & moins agréable que celui dont nous pouvions nous fournir en France. La plupart des Anglois croiroient l’état sur le penchant de sa ruine, si les vins françois pouvoient être transportés en Angleterre en assez grande abondance, & y être vendus assez bon marché pour que le peuple en fît sa boisson ordinaire, par préférence à la biere, & aux autres liqueurs du pays ; mais si on vouloit écarter tout préjugé & raisonner sans passions, il ne seroit pas difficile de prouver que l’état n’en recevroit aucun préjudice, & qu’il en retireroit peut-