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Essai

importées dans le royaume, je vais mettre sous les yeux du lecteur quelques observations qui me paroissent prouver que tant que l’Angleterre conservera sa population & son industrie, la balance du commerce ne pourra jamais lui être désavantageuse, ni entraîner la ruine de l’état. Supposons en effet que les quatre cinquiemes de toutes les especes monnoyées existantes présentement en Angleterre, disparoissent tout-à-coup, & que le royaume n’en possede que la même quantité qui y étoit sous les regnes des Henris & des Edouards, & examinons quelle seroit la conséquence de cet événement. Les denrées, la main-d’œuvre, les journées des ouvriers diminueroient sur le champ de valeur dans la même proportion, & tous les objets de commerce se vendroient & s’acheteroient dans l’intérieur du royaume, sur le même pied qu’ils se vendoient & s’achetoient il y a trois siecles. Dans ce cas, aucune nation de l’Europe ne pourroit être en concurrence avec nous pour la vente de ses denrées & de ses marchandises, dans les marchés étrangers ; notre na-