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Essai

le mal ne se trouve jamais sans être accompagné de quelque bien ; mais, par la même raison, on pourroit dire que le bien absolu n’existant pas sur la terre, on ne doit pas s’étonner si les emprunts publics sont accompagnés de quelques inconvéniens ; il est certain que les états qui jouissent d’un grand crédit, & où les emprunts ont été multipliés, sont ceux où le commerce est le plus florissant, l’industrie plus active, & les especes d’or & d’argent plus communes. La France, l’Angleterre, la Hollande en sont des preuves sans réplique. Peut-on faire quelque comparaison, à cet égard, entre ces trois états, & les républiques des Suisses, où le crédit public est inconnu, & qui sont les peuples de l’Europe où le commerce & l’industrie ont fait le moins de progrès ? La plupart de ces républiques où les mœurs n’ont pas changé depuis cent ans, n’exigent aucune contribution de leurs sujets ; le gouvernement n’est ni débiteur, ni créancier ; mais les préposés à l’administration engagent leurs compatriotes à prendre parti dans le service des états voisins, & à