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Essai

ajouter de nouveaux états à ceux qu’il posséderoit déjà, & dans ce cas les autres princes de l’Europe y apporteroient des obstacles insurmontables ; ou bien l’usurpateur seroit un sujet rebelle, qui ne pourroit se maintenir dans son usurpation qu’en se soumettant aux loix du pays, en augmentant la richesse de l’état, & en prenant des mesures propres à soutenir le commerce & l’industrie de ses sujets. Comme la banqueroute totale en seroit la destruction, durant un assez long espace de tems, il seroit bien éloigné d’embrasser un pareil parti. C’est donc une crainte chimérique que celle d’une banqueroute totale. Aucun prince ni aucune république n’en ont donné jusqu’à présent l’exemple, & il me paroît impossible qu’elle arrive jamais dans aucun état de l’Europe.

Si la crainte d’une banqueroute totale me paroît mal fondée, & si les peuples sont en effet à l’abri de ce malheur, j’avoue que les états débiteurs seront toujours exposés à éprouver dans certaines circonstances un grand discrédit, & que la méfiance géné-