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sur le Crédit public.

Il sera toujours difficile & dangereux à un ministre, dans un gouvernement tel que le nôtre, d’ouvrir l’avis désespéré d’une banqueroute volontaire. La chambre des pairs n’est, à la vérité, composée que de propriétaires de terres, & le plus grand nombre des membres de la chambre des communes est dans le même cas. Les uns & les autres sont par conséquent peu intéressés dans les fonds publics ; mais leurs liaisons avec les possesseurs de cette sorte de bien seront toujours assez grandes pour les rendre plus attachés à la foi nationale, que la prudence, la politique, & même l’exacte justice, ne

    priétaires des terres ont des fondemens plus solides ; & le combat seroit bien inégal, si nous en venions jamais à cette fâcheuse extrémité ; on seroit porté à prévoir cet événement pour un tems assez prochain, tel qu’un demi-siecle, si nos peres n’avoient pas déjà été de mauvais prophetes en cette matiere, & si le crédit public ne s’étoit pas soutenu bien au-delà de ce qu’on pouvoit raisonnablement l’espérer. Quand les astrologues de France prédisoient chaque année la mort d’Henri IV, ce prince avoit coutume de dire que ces coquins auroient à la fin raison. Nous devons donc être assez prudens pour ne par assigner de date précise à cet événement, & nous contenter d’être assurés qu’il arrivera.