Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
Essai

Il est plus vraisemble que les guerres, les défaites, les malheurs, les calamités publiques & peut-être même les conquêtes, & les victoires, seront la cause nécessaire de la chûte du crédit public, & forceront les souverains & les administrateurs des états à manquer à la foi nationale. J’avoue que lorsque je vois les rois & les états se combattre & se disputer au milieu de leurs dettes & de leurs engagemens, j’imagine voir une partie de quille dans la boutique d’un marchand de porcelaine. Est-il possible d’espérer que les souverains épargneront une espece de propriété, si onéreuse à eux-mêmes & au public, lorsqu’ils ont si peu d’égards pour la vie & les fonds de terre de leurs sujets, dont l’utilité est si grande pour eux & pour le public ? Il viendra un moment où la guerre forçant à de nouveaux emprunts, personne ne voudra prêter à l’état un argent dont le remboursement lui paroîtra trop incertain, mais dont l’avance peut être indispensable pour faire la campagne. Si dans le même tems la nation est menacée d’une invasion, ou si le nombre des mécon-