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Essai

Ce seroit donc un grand malheur pour la nation, si, après avoir porté ces derniers au plus haut degré où ils puissent monter, on étoit obligé d’avoir recours aux impôts, dont l’établissement & la perception aggravent encore la charge des contribuables. Dans cette supposition, les propriétaires des terres ne seront plus que les intendans & les fermiers du public. Et il seroit fort à craindre que dans ce cas ils ne missent en usage tous les tours d’adresse que ces sortes de gens savent employer pour tromper leurs maîtres, & que la société ne fût remplie de trouble & de confusion. Est-il possible d’assurer encore, à la vue de tous ces maux, qu’une nation peut, sans inconvéniens, ne mettre aucune borne à ses dettes, & que l’Angleterre conserveroit toute sa force & toute sa puissance politique, dans le cas même où elle ajouteroit aux différentes especes d’impositions déjà établies, une nouvelle taxe de 12 à 15 schellings par livre sur tous les revenus des terres ? Ce ne seroit plus le simple transport de l’argent d’une main dans une autre ; tous les états se-