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sur le Commerce.

républiques fussent gouvernées par des loix moins contraires à la nature, leurs sujets ne se seroient pas soumis à la rigueur des loix qui leur étoient imposées, sans un concours très-singulier de circonstances. Les hommes vivoient pour lors dans des états libres d’un territoire peu étendu, & comme le génie du siecle étoit entiérement militaire, les peuples étoient dans une guerre continuelle les uns contre les autres. La liberté engendre naturellement l’amour de la patrie, principalement dans les petits états, & cet amour de la patrie devient encore plus vif, lorsque le public est dans de continuelles alarmes, & que tous les-sujets sont obligés, à chaque instant, de s’exposer aux plus grands dangers pour la défense commune ; la continuité de la guerre fait de tous les citoyens autant de soldats ; personne ne s’exempte de service militaire, chacun le remplit à ses dépens ; & quoique ce service personnel soit plus à charge que l’impôt le plus onéreux, il devient supportable à un peuple qui n’a d’occupation que la guerre, qui ne prend les armes que par des motifs d’honneur & de