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sur le Crédit public.

ne peut s’en prendre qu’à lui-même de ses malheurs, & n’en peut accuser que sa propre imprudence. Je conviens que les trésors publics peuvent être quelquefois nuisibles aux états, parce qu’ils donnent aux souverains & à leurs ministres des facilités pour entreprendre des expéditions imprudentes & qu’ils peuvent leur faire négliger la discipline militaire, par trop de confiance dans leurs richesses ; mais les dangers résultans de l’aliénation des revenus publics, sont encore plus certains & plus inévitables. La pauvreté, l’impuissance & l’assujettissement à des puissances étrangeres, en seront la conséquence nécessaire & infaillible.

La guerre est accompagnée, chez les modernes, de tous les genres de destruction, perte d’hommes, augmentation d’impôts, diminution du commerce, dissipation d’argent, pillage sur terre & sur mer. Dans l’antiquité au contraire, comme les dépenses militaires étoient prises sur le trésor public, la guerre rendoit les especes d’or & d’argent plus communes. L’industrie en étoit encouragée, & l’augmentation des richesses cir-