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Essai

d’un citoyen, quelque grandes qu’on les suppose, ne peuvent jamais être mises en comparaison avec celles des états. Je soutiens au contraire, que cette différence n’est pas assez grande pour qu’on puisse adopter des maximes si opposées dans leur administration. Si les richesses des états sont incomparablement plus grandes, leurs depenses nécessaires y sont proportionnées, leurs ressources, quelque nombreuses qu’elles puissent être, ont des bornes ; & comme la durée de leur existence ne peut être comparée à celle d’un particulier, & même d’une famille, ceux qui sont à la tête du gouvernement ne doivent adopter que des principes grands, durables, nobles & propres à maintenir la puissance publique durant une longue suite de siecles. Les hommes sont forcés quelquefois, par l’enchaînement d’événemens singuliers, & par une espece de fatalité, à s’abandonner à la fortune & au hasard ; mais tout homme qui, dès les premieres années de sa vie s’est conduit sans prudence & sans réflexion, & qui n’a eu que le hasard pour guide de ses actions,