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sur les Impôts.

des villes & de la campagne ont plus d’aisance que n’en avoient leurs peres ; les negocians & les fabricans font des fortunes moins rapides & moins considérables que ceux du regne de Louis XIII & de Louis XIV ; mais leur nombre est quadruple de ce qu’il étoit il y a cent ans. Les offices de judicature sont diminués de valeur, & les magistrats d’aujourd’hui seroient hors d’état d’acquérir des charges sans revenu, au même prix que les acquéroient leurs ancêtres, qui y employoient la moitié de leur patrimoine : mais au lieu des mules dont se servoient leurs peres pour aller au Palais, ils y sont conduits dans des voitures commodes & brillantes ; les diamans sont la parure ordinaire de leurs femmes, & les meubles les plus somptueux ornent leurs habitations, tant à la ville qu’à la campagne ; tout se ressent de l’aisance & des richesses de la nation ; les impôts, bien loin de les avoir altérées, semblent les avoir accrues, par la raison que les sommes qu’ils fournissent au prince ne restent pas dans ses coffres, mais lui servent à payer ses créan-