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Essai

la France, si d’un moment à l’autre elle se trouvoit libérée de ce fardeau immense de dettes sous lequel elle paroît gémir, & qui est la source fatale des impôts. Cette calamité cependant ne seroit que passagere & momentanée. Semblable à la grêle, elle ravageroit la campagne & les villes ; mais après un espace de quelques années, la circulation reviendroit, & ranimeroit les différentes classes des citoyens ; le mal ne se feroit sentir que dans l’intervalle, qui paroîtroit également long & affligeant ; les peuples regretteroient plus d’une fois le spectacle envié des créanciers de l’état, dont les dépenses soutiennent la circulation, & contribuent à l’aisance générale.

On peut remarquer, en effet, que les impôts, quelque multipliés qu’ils soient, n’ont pas empêché l’accroissement du luxe & de la dépense dans tous les ordres de l’état ; l’un & l’autre sont portés, au contraire, à un point dont nos peres n’avoient pas même l’idée. Les propriétaires des terres sont moins riches, mais leurs fermiers sont mieux habillés qu’autrefois, & les artisans