Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
sur les Impôts.

le royaume ne seroit ni plus riche, ni plus pauvre qu’il l’étoit dans l’instant précédent ; mais la circulation seroit totalement arrêtée, les provinces n’auroient plus de débouchés de leurs denrées & de leurs marchandises ; les vins de Champagne & de Bourgogne resteroient dans les celliers des vignerons, les fabricans d’étoffes cesseroient de travailler, l’argent disparoîtroit des provinces, & la capitale elle même en seroit privée pour long-tems ; le roi & son peuple seroient pauvres durant plusieurs années, les provinces & la capitale hors d’état de payer la moitié des impositions qui y sont levées dans l’état présent, & une pauvreté générale se répandroit dans tous les ordres des citoyens. Une chaîne invisible, & formée par le Créateur, lie ensemble toutes les parties d’un état, & les faits correspondre mutuellement ; une seule ne peut souffrir, sans que les autres ne s’en ressentent ; elles se tiennent réciproquement & ont des dépendances mutuelles, invisibles, mais démontrées par l’expérience.

Ce seroît donc une calamité générale dans