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Essai

entre les mains des trésoriers ; & dans le systême présent de l’Europe, les nouveaux impôts, bien loin d’augmenter les richesses des souverains & des états, ne sont pas même suffisans pour acquitter les dettes contractées dans les tems de nécessité. En effet, toutes les taxes imposées en France depuis cent ans, ont pour origine les dettes dont nos rois se sont rendus successivement débiteurs pour soutenir les guerres dont l’Europe a été agitée ; & toutes les fois qu’on a augmenté les impôts ou établi de nouvelles taxes, le gouvernement y a joint des retranchemens dans les dépenses & des réformes dans l’administration. Louis XV, beaucoup plus riche que son prédécesseur, seroit hors d’état de dépenser en bâtimens, en fêtes & en somptuosités, les mêmes sommes que Louis XIV y a employées dans les années brillantes de sa vie. Tout l’argent que les nouveaux impôts font entrer dans ses coffres, en ressort aussi-tôt pour payer les capitaux & les intérêts des sommes prêtées à l’état depuis 1688 ; & on peut dire avec vérité, que c’est moins le roi qui leve