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sur les Impôts.

états, d’un pouvoir absolu & sans bornes sur la vie & les biens de ses sujets ; & ces mêmes sujets, servilement soumis à l’autorité despotique de leur souverain, regardent comme une loi fondamentale de leur gouvernement, qu’ils ne peuvent être assujettis à de nouveaux impôts, & que le prince doit se contenter de ceux qui ont été en usage de tout tems dans son empire. Les Turcs ont résisté à leurs souverains toutes les fois qu’ils ont tenté d’enfreindre cette loi , dictée par un peuple qui cesse d’être esclave dans cette seule circonstance ; & plusieurs sultans ont éprouvé , en différentes occasions, les tristes effets de leur avarice. On s’imaginerait qu’un peuple nourri & élevé dans cette opinion & dans ce préjugé , devroit être celui de l’univers le plus à l’abri de l’oppression ; il est cependant certain qu’il en est tout autrement ; le Sultan, qui n’a aucun moyen régulier d’accroître ses revenus, permet aux bachas, & aux gouverneurs qu’il envoie dans les provinces, d’y opprimer & d’y vexer les peuples. Il ne les rappelle que lorsqu’ils se sont enrichis des dé-