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Essai

parviennent en ne dépensant que leurs revenus, & en évitant de contracter des engagemens & des dettes, qu’ils ne pourroient acquitter que par la vente de leurs terres. Ils ont la même habileté par rapport aux impôts, ils cherchent également à s’en garantir, ou du moins à ne les pas supporter seuls, & à en partager le fardeau avec les commerçans[1].

Je ne puis finir cet essai sans faire remarquer au lecteur que les loix politiques, toujours rédigées dans la vue de remédier à un abus particulier, ou de rendre plus inviolable une regle de police, sont ordinairement suivis d’effets entiérement opposés aux principes qui les ont fait établir. Il en est de même en matiere d’impositions. Personne n’ignore que le grand seigneur jouit, dans toute l’etendue de ses vastes

  1. Note de l’auteur.
    Les négociant, dont l’objet est de faire fortune, ne sont pas occupés du défit d’être propriétaires de tels ou tels fonds de terre ; mais ils n’amassent des richesses que dans le projet de réaliser leur argent, & de se procurer des propriétés. Ils ne peuvent, les acheter qu’en dépouillant l’ancien propriétaire.