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Essai

sités de la vie, que dans les années de grande abondance, où ils s’abandonnent à l’oisiveté & à la débauche. Beaucoup de fabricans m’ont assuré que dans l’année 1740, lorsque le pain & toutes les nécessités de la vie étoient d’une valeur considérable, non-seulement leurs ouvriers subsisterent aisément, mais qu’ils gagnerent assez pour payer les dettes qu’ils avoient contractées dans les années précédentes, où toutes les denrées étoient beaucoup moins cheres.

Je ne prétends pas être l’apologiste de toutes les taxes & de tous les impôts ; je conviens au contraire que, semblables à l’extrême nécessité, ils détruisent l’industrie, & réduisent le peuple au désespoir lorsqu’ils sont exorbitans ; j’avoue même qu’avant que de produire ces funestes effets, ils augmentent la valeur de toutes les denrées & de toutes les marchandises, ainsi que le prix de la main-d’œuvre. Le Législateur prudent, & animé du desir de faire le bien de son peuple, ne doit jamais perdre de vue le degré où l’accroissement des impôts cesse d’être avantageux à l’industrie de la nation,