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sur l’intérêt de l’Argent.

uns & des autres, ne feront pas sortir les especes de l’état ; on s’appercevra au contraire, qu’elles y sont restées, par l’augmentation du prix de toutes les denrées & de toutes les marchandises : mais l’or & l’argent n’étant pas rassemblés en sommes considérables, la disproportion entre les prêteurs & les emprunteurs reparoîtra telle qu’elle existoit précédemment ; & par conséquent les emprunts ne se feront qu’à un gros intérêt. L’histoire apprend, en effet, que dans les premieres années du regne de Tibère, l’intérêt de l’argent monta, à Rome, à six pour cent, quoique aucun événement malheureux n’eût fait sortir l’argent de l’Italie. Sous le regne de Trajan, l’argent prêté sur hypotheque rapportoit six pour cent en Italie, & douze pour cent en Bithynie, sans hypotheque ; & si l’intérêt de l’argent n’est pas remonté en Espagne au même taux où il étoit anciennement, on doit en attribuer la raison à la même cause qui l’y a fait diminuer, c’est-à-dire, à la grande quantité d’espèces & de métaux, que l’Espagne tire continuellement des Indes, & qui four-