Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
Essai

sommes, dont les propriétaires chercheront à s’assurer un revenu certain, par achats de terres, ou contrats à rente, & conséquemment on verra pendant quelque tems dans cet état, tout ce qui arrive après une grande augmentation de commerce & d’industrie ; les prêteurs étant plus nombreux que les emprunteurs, l’intérêt baissera, cette diminution sera d’autant plus précipitée, que ceux qui ont acquis la nouvelle quantité d’especes sont dans un pays sans commerce & sans industrie, & où les prêts à intérêt sont les seuls moyens de faire valoir son argent ; mais aussi-tôt que cette nouvelle masse de métaux aura été, pour ainsi dire, digérée, & aura circulé dans un grand nombre de mains, les choses reprendront leur ancien état ; les propriétaires des terres, & les propriétaires d’argent, vivant dans l’oisiveté, dépenseront au-delà de leur revenu ; les premiers contracteront tous les jours de nouvelles dettes, & les derniers prendront journellement sur leurs fonds, jusqu’à ce qu’ils soient entiérement épuisés ; la prodigalité & les dépenses excessives des